Compositions

Poèmes de mon creuset

Arachnophilie

Lilith ! fais mon bonheur, hais-moi d’un cœur cinglant ! Mais ne m’inflige point ta vierge indifférence. Abats sur moi le fouet du vœu le plus sanglant : Que ta faim soit ma fin, et ta fièvre ma transe ! Je n’ai de pulsion maîtresse qu’assouvir Ta volonté de me soumettre dans la soie À l’instinct venimeux conçu pour me ravir ! Plaise au feu dévorant...

Vers d’un torchecul

Certains ont des vers au cul, d’autres à la bouche… Cette escarmouche poétique Porte des pointes féminines : Dûment botter l’honneur étique Se fait à coups de ballerines ! Je viens défroquer les faux prêtres Dont la langue abonde en ouate, Car c’est le stigmate des traîtres De ne s’exprimer qu’à voix moite. Leur coule tant de miel des lèvres Qu’ils...

La fin des hostilités

Tout est calme à présent. Le Mal s’est retiré. L’âme haute a rejoint l’éther des outre-mondes ; Le cœur n’a plus gémi depuis quelques secondes, Et l’ultime démon vient d’être expectoré. Soulagé que ton poids s’efface en douceur d’aile Et que l’ombre se taise après d’affreux crachats, En dépit d’une vie où tu me détachas De ta...

Le culte de l’argent

Un progrès inverse A fait du commerce Le suprême agent. Nulle âme venue N’atteindra la nue Sans l’esprit marchand ; Sur toute acropole Prévaut la parole D’un seul dieu : l’Argent ! Ses prêtres fidèles, De leurs citadelles D’ivoire et d’acier, Où nul ne pénètre S’il n’œuvre à repaître L’autel financier, Font le monde esclave Des crises que bave...

Insomnie paranoïde

Les soirs où l’opium d’Hypnos, mol assassin, Peint m’enfouir dans la ténèbre sarcophage, L’instinct, phare perçant les sables d’un naufrage, M’intime d’avoir l’Ombre à l’œil jusqu’à sa fin. Le noir profond m’attire au dissolvant suaire. Je le sens désireux de fondre mes tissus ; Et je crains, m’évidant comme un pochoir...

Le jour du mort

I Vous, le prostré dont le regard se brise Sur les arêtes d’un cercueil ; Pour qui le cimetière est la mer grise Où chaque stèle est un écueil ; Qui, naufragé des eaux de la tristesse, S’est isolé sur un îlot Que l’esprit a bâti dans sa détresse Sur les écumes du sanglot ; Que le deuil enveloppe, au point que l’ange, Posant son doigt sur votre exil...

Stances du cynique ou Diogène parle

Vous me flairez de loin, prudents, Craignant la morsure… Aux tartuffes, Je n’ai jamais montré les dents, Sinon pour rire de leurs truffes ! Mieux vaut pour vous garder la cour Que de risquer loin de la niche Couiner d’ouïr quel désamour Je porte au décorum caniche. Cabots du Bien, du Beau, du Vrai, Sous la doublure, quelle étoffe De fausseté je froisserai En aboyant mon...

Vénus Malouine

Guide, déesse d’émeraude, Quand me déborde le brouillard Et que l’incertitude rôde, Mon cœur perdu d’un seul regard. Berce-moi d’ondes délicates ; Laisse les vagues de ta voix Rêveuse enivrer les eaux plates De solitude que je bois. Dissipe et coule ma détresse ! Il suffira d’une caresse Pour me conduire au grand frisson Du naufragé ceint de nuages À qui se rouvre un...

Fuite en avant

On voit dans la nuit noire un groupe de flambeaux Poursuivre le Destin ; quelque attelage d’âmes Que presse d’éloigner l’aurore de leurs flammes Du crépuscule des tombeaux. Tenus de vaincre l’Heure, ils traquent la seconde, Et nul épuisement fossile n’y suffit : Ils brûlent en un tour d’horloge ce que fit En millions de jours le Monde ! Pourquoi ? Parce...

Adieu l’Essence !

I Sous ma peau tambourine un furieux printemps Dont la sève écarlate émaille le paraître (Doit-on vivre en disgrâce avant d’avoir vingt ans ?) Et presse sans répit le Moi mûri de naître. Ma chair souffre à l’essor d’une profusion De sons trop colorés et de parfums de ruscles ; Ma faune intérieure en révolution Irrite chaque nerf et m’empourpre les muscles ! Au moindre...

Saisons Solitaires

L’automne est roux, le printemps vert, L’été rubis, l’hiver ivoire ; Mais qu’importe dans mon désert La nuit est toujours aussi noire. La feuille pleut, le fruit est prêt, La sève bout, le tronc se glace ; Mais qu’importe dans ma forêt L’âme erre toujours aussi lasse. Gémit un geai, chante un clocher, L’autan s’est tu, le vent est...

Oyez ! Rimailleurs !

I À croire que cet art s’exerce à coups de dés Quand usurpent son nom des rimailleurs et des Prophètes du dimanche enorgueillis d’écrire Des vers qu’eux-mêmes, comble ! ils peinent à bien dire ! Agitent-ils leur crâne ainsi qu’un gobelet, Toujours avec l’espoir qu’au fond du cervelet Sorte un bon numéro du mou d’incohérence ?… Quand manque le...

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