Les soirs où l’opium d’Hypnos, mol assassin,
Peint m’enfouir dans la ténèbre sarcophage,
L’instinct, phare perçant les sables d’un naufrage,
M’intime d’avoir l’Ombre à l’œil jusqu’à sa fin.
Le noir profond m’attire au dissolvant suaire.
Je le sens désireux de fondre mes tissus ;
Et je crains, m’évidant comme un pochoir diffus,
Qu’il n’encre dans les draps mon masque mortuaire.
Quand, vigie aux aguets, en anxieux hibou,
Je soupçonne la nuit de conspirer ma perte,
Défense de bâiller ! cligner devient tabou !
Qu’importe un mal fantôme à ma rétine alerte :
Préférant à la mort un nébuleux éveil,
J’attends que rende aveugle un cerne de soleil.
Insomnie paranoïde
I
Sonnet irrégulier remarquablement bien construit avec parfait respect de la prosodie classique et choix des mots incomparables. Malheureusement, le sens de ce poème m’échappe quelque peu. En tout cas, bravo poète !
Merci beaucoup pour votre commentaire élogieux de versificateur averti. Je n’ai jamais écrit que des sonnets irréguliers, faisant sacerdoce de n’en jamais écrire de régulier ; pure posture de dandy contemporain 🙂
Quel type de « sens » vous échappe ici ? La raison d’être ou la signification du poème ? S’il s’agit de la seconde option, peut-être est-ce localement le résultat de mon penchant pour le symbolisme d’inspiration Valéryenne — à tout le moins dans la démarche, sans que j’aie ici spécialement cherché à imprégner le propos d’hermétisme. En tout cas, n’hésitez pas à me réclamer des éclaircissements si besoin est. J’essaierai de vous répondre au mieux le cas échéant.