Le Sauvage

L


Puisque je ne suis plus que la griffe d’un nerf,
Bas ressort animal qu’un rien crispe à tout fendre ;
Puisque je me hérisse aux ruses d’un mot tendre,
Et qu’un soupçon de miel me change en fauve amer,

Je vous épargnerai les grognes de mon flair,
Que jamais n’ont floué les sucres du mensonge.
Mon cœur a le dégoût d’ouïr l’ombre qui ronge,
Et mon âme a le feu d’y voir un peu trop clair.

Avant que mon instinct n’ait force que de haine,
Qu’en ma veine féline abonde un sang de hyène,
Je renonce aux vivants et monte vers le Nord.

Adieu ! genre inhumain, je pars rejoindre une île
Où seul le froid taiseux des solitudes mord,
Plutôt que de me perdre en compagnie hostile.


À propos de l'auteur

Julien Albessard

Misanthrope humaniste, atrabilaire joyeux, rêveur rationnel, insulaire sociable et enthousiaste résigné, comme tout le monde, je ne suis comme personne.

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