L’arbre pâle

L


Vois cet arbre défait, sa forme humiliée,
Son tronc serré de nœuds, sa mine de pendu,
Et comme sa racine est recroquevillée
Où siège un mendiant par la froideur mordu.

Il souffre l’ombre de la ville indifférente,
Un dédain minéral néantisant l’été.
Par foules, le réduit l’urbanité givrante
À pâlir en totem de l’être déserté.

S’éclipsent les regards et se vissent les bouches
De qui semblent les cœurs d’ininflammables souches
Quand réclame sa fibre un signe de chaleur.

Un sourire pourtant lui ranime la sève :
Il sent, frisson vivace, un hiver qui s’achève,
Et, l’écorce tremblante, il prend de la couleur.


À propos de l'auteur

Julien Albessard

Misanthrope humaniste, atrabilaire joyeux, rêveur rationnel, insulaire sociable et enthousiaste résigné, comme tout le monde, je ne suis comme personne.

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