Sizains

Le saut du tremplin (Théodore de Banville)

Clown admirable, en vérité ! Je crois que la postérité, Dont sans cesse l’horizon bouge, Le reverra, sa plaie au flanc. Il était barbouillé de blanc, De jaune, de vert et de rouge. Même jusqu’à Madagascar Son nom était parvenu, car C’était selon tous les principes Qu’après les cercles de papier, Sans jamais les estropier Il traversait le rond des pipes. De la pesanteur...

Bel aubépin (Pierre de Ronsard)

Bel aubépin, verdissant, Fleurissant Le long de ce beau rivage, Tu es vêtu jusqu’au bas Des longs bras D’une lambruche sauvage. Deux camps drillants de fourmis Se sont mis En garnison sous ta souche; Et dans ton tronc mi-mangé, Arrangé, Les avettes ont leur couche. Le gentil rossignolet Nouvelet, Avecque sa bien-aimée, Pour ses amours alléger Vient loger Tous les ans en ta ramée. Sur...

Soleil !

Je vis comme ivre de lumière Et d’allégresse printanière Depuis ce jour béni d’avril Où tu survins, clarté sublime Qui changerait un cacochyme En souple et sémillant pistil ! Chaque cellule de ma fibre S’ouvre à tes largesses, et vibre D’espoir, ô prisme de bontés ! Terme à l’ennui, remède aux doutes, Source de foi dissipant toutes Mes hivernales volontés ! Je...

De la moralité des volcans

La nuit frémit, les cœurs sont secoués : un gouffre Commence d’agiter ses graves profondeurs, Et des fronts cotonneux adeptes de tiédeurs Va fondre le confort la bouche où bout le soufre. La pensée impuissante y voit l’art de l’Enfer ! Ni les fièvres du feu, ni les ardeurs du fer, Quoiqu’elles peignent un martyre, N’attisent contre nous de monstrueux griefs, Ni ne...

L’infidèle

À un « ami » « catholique » Dévot de la débauche aux saintes attitudes, D’avoir pris en ton miel impur mille âmes prudes, Jouis en tapinois. Quand chute une colombe en tes gluantes ruses, Il n’y a guère que les cieux que tu n’abuses… Ô lubrique sournois ! Tu révères la croix qui domine le Tibre, Coupable de confondre avec ton morne chibre La crucifixion. Pieux devant...

Chanson (n°2) (Victor Hugo)

La femelle ? elle est morte. Le mâle ? un chat l’emporte Et dévore ses os. Au doux nid qui frissonne Qui reviendra ? personne. Pauvres petits oiseaux ! Le pâtre absent par fraude ! Le chien mort ! le loup rôde, Et tend ses noirs panneaux. Au bercail qui frissonne Qui veillera ? personne. Pauvres petits agneaux ! L’homme au bagne ! la mère A l’hospice ! ô misère ! Le logis tremble aux vents...

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