Vers Dorés (Gérard de Nerval)

V


Eh ! quoi ? Tout est sensible
PYTHAGORE

Homme ! libre penseur — te crois-tu seul pensant
Dans ce monde, où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant…
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d’amour dans le métal repose :
Tout est sensible ! — Et tout sur ton être est puissant !

Crains dans le mur aveugle un regard qui t’épie :
A la matière même un verbe est attaché…
Ne la fais pas servir à quelque usage impie.

Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et, comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres.


Les Chimères, 1854.


À propos de l'auteur

Julien Albessard

Misanthrope humaniste, atrabilaire joyeux, rêveur rationnel, insulaire sociable et enthousiaste résigné, comme tout le monde, je ne suis comme personne.

2 Commentaires

Répondre à Julien Albessard Annulation

  • j’ai cru lire dans un épais bouquin // aux pages toutes cornées et jaunies // qui témoigne d’un ouvrage ancien,//l’histoire d’un jardinier de l’infini // qui créa il y a fort longtemps // une planète de terres et d’eaux // dans lesquels il sema le peu de vies // qui lui restaient au fond des poches //après sa ballade entre galaxies //” je sais dit-il ce sera moche”…..

    :

    • Bonjour,

      Manque-t-il quelque chose à la suite des deux points clôturant votre commentaire ?

      Merci pour votre (quoique énigmatique) témoignage 🙂

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